Le clou de Joha

 
le clou de joha

Le clou de Joha

De toutes les histoires de Joha, les tunisiens se sont accaparés de cette expression bien fameuse “Le clou de Juha/ مسمار جحا “, utilisée pour dénoter d’un désagrément et signaler une contrainte répétitive et handicapante “باش تشدهالي كيف مسمار جحا” !
A l’origine, Joha possédait une maison qu’il se devait de vendre et de s’en détacher à cause d’une contrainte financière. Comme à son habitude, Joha ne cède rien pour rien et trouva l’astuce afin de conserver le droit d’avoir accès à sa maison quand bon lui semble. Il exerça aussitôt ce droit au bout du contrat de vente en y introduisant une close : l’acheteur se devait de payer le prix d’un clou enfoncé dans le mur du salon par-dessus celui de la maison. A défaut, Joha gardait le droit à la propriété de ce dernier et jouissait d’en faire ce qu’il en voulait. L’acheteur dépourvu de la somme pour se payer le clou en supplément, céda à l’offre en minimisant les conséquences provoquées par la ruse de Joha.
Au fil des jours, Joha se rendait quotidiennement et d’une cadence étouffante à la demeure du vieux monsieur pour faire valoir son droit et rendre visite au clou. Ce qui empiéta sur le bien être du nouveau propriétaire qui se voit désormais redevable à Joha l’hospitalité et la nourriture tout le long de ses visites qui se rallongeaient.
Au bout, la ruse de Joha finissait par payer et le bonhomme, bousculé dans son quotidien, se sentant incapable de déloger Joha, prena la décision de lâcher la demeure et fuya sans rétroquer.
La vie est empestée de contraintes souvent clouées sans raison fondamentale et auxquelles on est sujet à fléchir. L’expression de Joha prend ainsi tout son sens dans le dialecte tunisien.


Voici une autre :

Un jour, un homme, adossé à un mur, voit passer quelqu'un qui lui dit:
- Connais-tu Djeha ? Je voudrais le rencontrer car on prétend qu'il est rusé, étant donné que je suis plus intelligent que lui, je voudrais me moquer de lui.
L'homme lui répond:
- Peux-tu maintenir ce mur avec ton dos ? Il est fragile ! Et ici, chaque homme du village se relaie, tour à tour, pour éviter qu'il tombe. Moi, je vais chercher Djeha et je reviens reprendre ma place.
L'homme s'exécute.
Au bout de quelques heures, des hommes du village qui se demandaient ce qu'il faisait, l'abordent :
- Que fais-tu?
Il leur explique tout ce qui s'est passé. Ils lui répondent:
- Pauvre idiot, tu avais affaire à Djeha, lui-même!!!


Le chat et le gigot


Djeha va au marché et achète un gigot de trois livres. Il rentre chez lui et donne la viande à sa femme, en lui demandant :
- Voici la viande pour le déjeuner. Fais-la cuire à point, comme je l'aime !
Puis il sort.Sa femme fait cuire le gigot. Comme on frappe à la porte, elle ouvre : c'est son frère qui revient de voyage. Il a faim. Tous deux se mettent à table et finissent par manger tout le gigot.Djeharentre et dit :
- Ça sent bon ! Où est la viande que j'ai achetée ?
- Le chat a tout mangé pendant que j'étais occupée à faire le ménage, répond sa femme.
Djeha court après le chat. Il l'attrape et le met sur le plateau de la balance : il constate alors qu'il pèse trois livres.
- Scélérate, crie-t-il à sa femme. Si les trois livres sont de la viande, où est le chat ? Et si c'est le poids du chat, où est la viande ?

L'habit ne fait pas le moine


Un jour, Djeha alla aux bains publics, mais on ne le traita pas comme il l'aurait souhaitait. On lui donna un vieux peignoir de bain et une serviette élimée. Il ne dit rien et donna une pièce d'or à chacun des hammamjis, qui se sont maudits d'avoir été traité par ses modestes vêtements. Une semaine plus tard, il revint au même établissement. Il fut chaleureusement accueilli, chacun rivalisant avec les autres pour lui offrir le meilleur service possible. En sortant, il donna un tout petit pourboire.
- Comment, dirent les employés, cette somme ridicule pour ce que nous t'avons offert !
- Ceci, répliqua Djeha, c'est pour la manière dont j'ai été traité la semaine dernière. Le pourboire de la semaine dernière était pour la manière dont vous m'avez traité aujourd'hui.

Djeha et le pommier

Djeha, à un certain âge, plantait un pommier dans son jardin quand le sultan vint à passer ; il s'arrêta et dit à Djeha, d'un ton moqueur :
- Voyons! Pourquoi te donnes-tu tant de peine ? Tu ne mangeras jamais les fruits de ce pommier. Tu sais bien que tu mourras avant qu'il ne commence à produire des pommes.
Ce à quoi Djeha répondit :
- Oh Sultan ! Nous mangeons les fruits des pommiers plantés par nos pères, et nos enfants mangeront les fruits des pommiers plantés par nous.
Cette réponse pleine de sagesse plut au sultan qui, en récompense, lui donna une pièce d'or.
- Oh Sultan ! Dit Djeha en empochant la pièce, voyez comme ce pommier a déjà donné des fruits.
Cette remarque fit rire le sultan, qui lui donna une autre pièce d'or.
- C'est de plus en plus extraordinaire, s'écria Djeha. Voilà un pommier qui donne deux récoltes par an.
Le sultan se mit à rire aux éclats et donna une troisième pièce d'or à Djeha.


La valeur d'un conseil

Un jour ses amis ont demandé à Djeha :
- Tu es un homme sage. Peux-tu nous dire ce que tu considères comme le plus précieux au monde ?
- Je considère le conseil, comme étant sans prix.
Ses amis lui ont ensuite demandé :
- Et que considères-tu pour être sans valeur ?
- Je dirai que le conseil est la chose qui a le moins de valeur au monde.
- Eh bien! Objecta son auditoire. Comment une chose peut-elle être à la fois sans valeur et la plus précieuse ? Tu dois faire une erreur !
- Non, mes amis. Je sais de quoi je parle. Un conseil pris peut être précieux, mais il devient sans valeur quand on ne l’écoute pas !

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